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La Nature nous enseigne ce que le langage ne saurait nous apprendre. Un simple coucher de soleil, un lever de pleine lune ou une étoile filante, rétablit instantanément notre lien fondamental avec le cosmos, nous réconcilie d’une manière inexplicable. Cette absence de mots nous est indispensable.

Terres pieuses, les montagnes aux alentours de Catuçaba sont ornées de croix et de chapelles, lieux de cultes en pleine nature, souvent posés là où existait déjà une intensité particulière, un paysage propice à la connexion avec soi-même. Au sommet d’autres collines ou dans le creux d’un vallon, des artistes venus à Catuçaba ont su sentir ces énergies de la Terre, et y poser leurs œuvres, en harmonie avec le paysage et les habitants.

Tout art est sacré à l’origine, et son rôle est d’être le révélateur de l’invisible. De l’autre côte de l’art, on trouve la spiritualité, qui, en pleine nature, prend naturellement une dimension universelle. L’art est le miroir de la Nature, nous dit Joseph Campbell.

Se mêlent ainsi l’intensité de la religiosité locale, la sagesse ancestrale, la magnificence des arbres et des lacs, avec les œuvres d’art, projets, objets ou films qui réinterprètent de manière chaque fois différente l’intensité unique des lieux et de ses habitants.

Car le sacré est présent partout où la beauté et le sens se font sentir, et nous incite à redécouvrir une autre dimension de nous-mêmes.

Construire ensemble le monde de nos rêves

Art de vivre, art de manger, art de recevoir, art de concevoir, art d’aimer… Toute la trame sous-jacente abordée dans ce livre correspond à une manière d’être au monde. Cette manière d’être, d’exister, est emprunte d’une beauté qui nous touche, car elle nous renvoie, par sa justesse, à une vérité profonde que nous ressentons sans pouvoir pour autant la définir.

Quand nous parlons d’ « art », nous entendons en réalité : « sacré ». Car le sacré n’est pas du domaine d’une spiritualité que l’on trouverait seulement en certains lieux : il réside, si l’on regarde plus attentivement, dans toute chose, toute vie, toute attitude. La musique, la danse, chanter, se promener dans la nature, nager dans un lac… La Nature est une création du domaine du sacré en tous points, cultiver la terre est une connexion sacrée, manger des aliments, soigner son corps… Nous avons juste oublié tout cela.

Nous ressentons, sur ce chemin d’évolution rapide sur lequel l’être humain est engagé, le besoin de re-enchanter nos vies, nos maisons, nos relations, notre alimentation, de mettre en avant de nouveau la dimension sacrée du monde. Nos recherches incessantes de voyages, d’autres cultures, d’émotions artistiques, notre soif d’idéalisme, sont peut-être autant de tentatives sur le chemin de cette quête, que nous avons tous au fond de nous plus ou moins enfoui, d’un monde rempli de sens. C’est ce monde-là qu’il nous faut recréer, et nous pouvons le faire, simplement, en retrouvant en nous notre essence, notre unité. Et une fois cette réconciliation accomplie et notre vision du monde accordée, nos intentions et nos actes naturellement manifesteront cet univers que nos cœurs appellent.

On ne peut plus ignorer que l’heure n’est plus aux discours, mais à l’action. Au moment où ce livre va être mis sous presse, dans les premiers jours de 2019, l’homme occidental dans sa majorité vient de découvrir, alerté finalement par les scientifiques, que si l’on ne change pas radicalement de direction, si l’on ne remet pas en question les dogmes qui façonnent nos vies – la recherche effrénée de « croissance », la poursuite d’un bonheur purement matériel, l’exploitation systématique de la Nature – notre race humaine n’aura pas de futur. Les peuples premiers de la planète, qui sont en communication intime avec la Terre, sont unanimes, et beaucoup plus alarmants que les medias : nous avons entre 5 et 6 ans avant d’atteindre le point de non-retour. C’est pourquoi ils sortent de leur silence bienveillant, de leurs villages et de leurs forêts, pour venir nous aider et nous rappeler notre sagesse ancestrale et notre responsabilité envers la Terre. Une grande prise de conscience est en train de se produire, un éveil spirituel global.

Pourtant, en même temps, rien ne semble changer vraiment. Il nous faut reconnaître et accepter que la faillite de notre système est totale : écologique, sociale, politique, morale, philosophique… Il nous incombe de le changer, mais pas pour le remplacer par un autre système plus ou moins identique. Le changement à faire, et cela peut faire peur, est profond, comme celui à faire sur nous-mêmes. Il nous faut mourir pour renaître. Mais rien n’est en fait plus naturel, car c’est le mouvement même, cyclique et non linéaire, de la Nature et de l’univers : revenir à soi, puis s’ouvrir au monde.